Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si fort l’objet des attentions de l’un et de l’autre, qu’il eut encore moins qu’auparavant l’occasion de lui parler en particulier. Cependant la vue du chevalier occupa assez sérieusement toute sa pénétration : il chercha à deviner quelles pouvaient être ses vues. Sa sagacité se trouva pourtant en défaut ; car, quoique la direction constante de ses regards tournée sans cesse vers Cécile, prouvât au moins qu’il était frappé de sa beauté, il montrait assez d’insouciance sur l’effet de son obstination à la fixer : son peu d’empressement à s’entretenir avec elle, la confiance soutenue et l’aisance de sa conduite semblaient indiquer combien il était indifférent sur les sentiments qu’il lui inspirait : insouciance tout-à-fait incompatible avec une véritable passion.

Il ne voyait d’ailleurs rien dans Cécile que ce que la connaissance qu’il avait de son caractère lui avait donné lieu d’en attendre ; c’est-à-dire, une confusion qui prouvait autant sa modestie,