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vainement, et en la perdant, à peine sais-je comment elle m’est échappée ! Honteuse après cela d’imaginer qu’elle pût être regardée par les autres comme un objet digne d’envie, tandis qu’elle-même était mécontente et murmurait de son sort, elle prit le parti de ne pas se montrer plus long-temps insensible à des jouissances d’un autre genre, qu’il était en son pouvoir de se procurer ; mais de former et d’adopter un plan de conduite plus conforme à ses inclinations que l’insipidité frivole de la vie qu’elle menait, de faire à la fois un usage plus noble et plus digne de l’opulence, de la liberté, et des facultés dont elle jouissait. Elle sentit que pour le mettre en pratique, il fallait qu’elle devînt absolument maîtresse de son temps, et qu’elle devait, pour y parvenir, renoncer à toutes espèces de liaisons inutiles et frivoles, qui n’étant ni avantageuses, ni agréables, lui dérobaient une partie précieuse de son existence : qu’alors elle serait à même