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conversation de M. Monckton, et encore plus de la société et des bontés de sa respectable amie, madame Charlton, chez qui elle avait passé des jours heureux et tranquilles. Ce bonheur des premières années de sa jeunesse était disparu sans retour ; l’espoir de renouveller ses anciennes liaisons avec madame Harrel s’était évanoui ; elle sentait même que ce qu’elle avait pris pour de l’amitié n’était qu’une intimité que l’âge et l’uniformité des goûts forment toujours, et que l’éloignement et le changement de situation détruisent aussi facilement, et elle ne pensait à la perte d’un sentiment qui lui fut si cher, qu’avec un attendrissement douloureux.

En quoi consiste donc, s’écriait-elle, cette félicité humaine ? Qui est-ce qui l’a éprouvée ? où existe-t-elle ? puisque moi, que l’on croirait devoir être privilégiée, favorisée de la fortune, accueillie par tout le monde, liée avec les gens du premier rang et entourée de tous les plaisirs, je la cherche