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générale. Mais ses manières un peu compassées, son abord froid et sérieux, le silence qu’il gardait souvent, enfin, un air d’austérité répandu sur toute sa personne, étaient cause qu’on se faisait moins un plaisir qu’un devoir de sa société.

Son cœur fut tout-à-coup atteint vivement et profondément des charmes de Cécile, au point qu’il ne lui était pas possible de la quitter, et qu’il n’existait qu’aux lieux où elle était. Les sentiments qu’elle excitait en lui, tenaient plus de l’adoration que de l’amour ; il avait si peu d’espérance de lui plaire, qu’il n’osa jamais laisser entrevoir ses sentiments à sa sœur. Heureux d’avoir accès auprès d’elle, il se contentait de la voir, de l’entendre, et d’observer tous ses mouvements ; ses vues ne s’étendaient pas plus loin, et à peine formait-il de simples vœux.

Le chevalier Robert Floyer fréquentait aussi régulièrement la maison de M. Harrel, où il dînait presque tous les