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La voiture roulait entre les grands et beaux ormes croissant de chaque côté de l’avenue, et étendant leurs énormes branches qui se recourbaient en arche au-dessus de la tête de Cédric. L’enfant n’avait jamais vu de si gros arbres. Il ne savait pas que le domaine de Dorincourt était un des plus vieux de toute l’Angleterre, que son parc était un des mieux plantés, et que ses avenues étaient presque sans égales ; néanmoins, il voyait bien que tout cela était magnifique. Il prenait plaisir à regarder le soleil couchant envoyer ses flèches d’or entre les branches touffues ; il jouissait de la parfaite tranquillité qui semblait régner sous ces superbes ombrages ; il admirait la manière dont ils étaient disposés, tantôt pressés les uns contre les autres, et laissant à peine le regard glisser entre leurs épais fourrés, tantôt isolés ou groupés sur de vastes pelouses.

De temps en temps la voiture atteignait des espaces couverts de fougères ; dans d’autres, le terrain était tapissé de fleurs sauvages. Plusieurs fois Cédric poussa une exclamation de joie en voyant un lapin sauter du taillis sur la route, puis y rentrer bien vite, son petit bout de queue blanche se dressant derrière lui ; ou bien c’était une compagnie de perdrix qui s’envolait avec un bruissement d’ailes, ce qui faisait battre des mains au petit lord.

« C’est un très bel endroit, dit-il à M. Havisam, je n’en ai jamais vu de si beau. C’est plus beau encore que le Parc Central. (Le Parc Central est un des jardins publics de New-York.)

« Et puis, comme c’est grand ! ajouta-t-il. Combien y a-t-il de la grille d’entrée au château ?