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été simplement le but d’une insouciante et dédaigneuse curiosité, qu’il pût satisfaire sans se demander si celle qui en était l’objet la trouvait indiscrète. Il la laissa parler, faire ses réclamations et se répandre en discours jusqu’à ce qu’elle fût fatiguée. Quand elle eut fini :

« Vous prétendez, dit-il, être la femme de mon fils. Si cela est vrai, et si vous pouvez en fournir la preuve, vous avez la loi pour vous. Dans ce cas, votre fils est lord Fautleroy. La matière sera examinée à fond, vous pouvez en être sûre. Si vos prétentions sont reconnues justes, il sera pourvu à votre entretien ; mais rappelez-vous bien que je n’ai besoin de voir ni vous ni votre enfant au château tant que je vivrai. On vous y verra assez malheureusement après ma mort ! »

Et il ajouta :

« Vous êtes exactement la sorte de personne que devait choisir mon fils Bévis. »

Il lui tourna alors le dos, et quitta la pièce du même pas calme et imposant dont il était entré.

Peu de jours après, un visiteur fut annoncé à Mme Errol qui écrivait dans son cabinet de travail. La servante qui apportait le message semblait très émue ; ses yeux étaient arrondis par l’étonnement, et elle regardait sa maîtresse avec un air de commisération et de sympathie.

« C’est le comte en personne, madame, » ajouta-t-elle d’une voix aussi tremblante que si la visite se fût adressée à elle-même.

Quand Mme Errol entra dans le salon, un grand vieillard, d’aspect majestueux, se tenait debout sur la peau de tigre