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frère. Je n’ai jamais su, pour ma part, à quoi une femme était bonne ! »

Un soir, comme de coutume, les deux amis ressassaient leurs sujets habituels de conversation, sur le pas de la boutique. M. Hobbes était occupé à bourrer sa pipe. Il rentra dans le magasin pour l’allumer ; mais à peine eut-il enflammé une allumette qu’il poussa une exclamation. En jetant un coup d’œil sur le comptoir, il venait d’apercevoir une lettre que, sans doute, le facteur y avait déposée sans qu’il s’en aperçût.

Il la prit et l’examina soigneusement.

« Elle est de lui, bien de lui, » dit-il.

L’épicier, oubliant sa pipe, revint à sa chaise dans un état de grande agitation ; il tira son couteau de sa poche et ouvrit l’enveloppe.

« Je me demande ce qu’il peut m’écrire, » dit-il tout en dépliant la lettre.

Elle contenait ce qui suit :


« Château de Dorincourt.
« Mon cher M. Hobbes,

« Je m’empresse de vous écrire, car j’ai à vous dire quelque chose de très singulier, qui vous étonnera beaucoup quand vous le saurez. C’est une erreur, et je ne suis pas lord, et je ne serai pas comte. Il y a une dame qui a été mariée à mon oncle Bévis, mon oncle qui est mort, et cette dame a un petit garçon, et c’est lui qui est lord Fautleroy, parce qu’en Angleterre le petit garçon du fils aîné est comte, quand son père et