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— Que vous a-t-elle dit ?

— Elle m’a dit que ce n’était pas facile d’être riche ; que quelquefois les personnes qui possèdent beaucoup d’argent oublient que les autres ne sont pas si bien partagés, mais qu’on doit toujours se le rappeler. Alors je lui ai parlé de vous ; je lui ai dit que vous ne l’oubliiez jamais, vous ; que vous étiez bien trop bon et trop généreux pour cela. Elle pensait tout à fait comme moi ; et, en parlant des autres personnes riches et qui ne faisaient pas de même que vous, elle disait que c’était bien triste, quand on avait tant de fortune et tant de puissance, qu’on pouvait faire tant de bien et empêcher tant de mal, de ne s’inquiéter que de soi et de sa propre satisfaction. Aussi je réfléchissais, tout à l’heure, en regardant ces maisons, sur le bonheur de combien de personnes j’aurai à veiller quand je serai comte. Combien y en a-t-il qui vivent sur vos terres ? »

La question était embarrassante. Tout ce dont Sa Seigneurie se souciait, touchant ses tenanciers, c’était de savoir ceux qui payaient bien : il louait ses fermes à ceux-ci ; quant aux autres, il les mettait dehors.

« C’est Newick qui s’occupe de cela, grommela-t-il, en tirant sa moustache grise et en regardant le petit garçon d’un air embarrassé.

« Retournons maintenant, ajouta-t-il, et quand vous serez comte à votre tour, soyez un meilleur seigneur que moi, si vous pouvez ! »

Il demeura silencieux pendant que tous deux se dirigeaient vers la maison. Il ne pouvait se rendre compte de ce qui faisait