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leroy. La boutique de miss Diblet n’avait pas désempli. On venait acheter pour deux sous de ruban ou pour un sou d’aiguilles, afin d’entendre ce qu’en sa qualité de sœur d’une des chambrières du château, elle pouvait avoir appris sur Sa petite Seigneurie.

Miss Diblet savait tant de choses ! Elle savait au juste comment étaient meublées les chambres qui composaient l’appartement du petit lord ; quels jouets avaient été achetés pour lui ; comment un joli poney brun attendait son arrivée dans l’écurie, ainsi qu’une petite charrette anglaise avec des harnais montés en argent, Elle avait vu le groom qui devait accompagner le petit lord dans ses promenades. Elle pouvait raconter en outre les réflexions de tous les domestiques quand ils avaient aperçu l’enfant, le jour de son arrivée ; les exclamations de toutes les femmes de service, qui s’étaient écriées que c’était une cruauté de séparer le pauvre petit de sa mère, et qui toutes avaient déclaré que les larmes leur étaient venues aux yeux quand lord Fautleroy était entré seul dans la bibliothèque pour paraître devant son terrible grand-père : car, disaient-elles, comment va-t-il le traiter quand il se trouvera seul avec lui ?

« Mais voyez-vous, continuait miss Diblet quand elle était parvenue à ce point de son récit, cet enfant ne connaît pas la crainte ; c’est Thomas lui-même qui le dit. Il entra dans la biblithèque en souriant et parla à Sa Seigneurie comme s’ils avaient été les meilleurs amis du monde, et cela dès le premier moment. Et le comte fut tellement stupéfait des manières de son petit-fils qu’il ne put faire autre chose que l’écouter et le regarder par-dessous ses gros sourcils. C’est l’opinion de