Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’était pourtant ni sa beauté ni sa grâce qui séduisait le recteur ; c’était la simple et naturelle amabilité du petit garçon ; cette amabilité qui faisait que, quelles que fussent les paroles qu’il prononçait, on sentait qu’elles étaient dictées par un sentiment affectueux et sincère.

« Je suis heureux, moi aussi, de vous connaître, lord Fautleroy, dit le recteur. Vous avez fait un bien long et bien pénible voyage pour venir à nous. J’aime à penser qu’il s’est bien accompli.

— C’était un long voyage, en effet, dit le petit lord ; mais il n’a pas été pénible, je n’étais pas seul ; Chérie était avec moi. Naturellement on n’est pas malheureux quand on a sa mère avec soi. Et puis le vaisseau était très beau.

— Prenez un siège, monsieur Mordaunt, » dit le comte.

Le recteur s’assit, et promenant ses yeux de l’enfant à son grand-père :

« Je félicite Votre Seigneurie, » dit-il au vieux lord.

Mais le comte ne se souciait pas de dévoiler ses sentiments sur ce sujet.

« Il ressemble à son père, dit-il d’un ton bourru. Espérons qu’il se conduira mieux. » Puis il ajouta :

« Qu’est-ce qui vous amène ce matin, Mordaunt ? Qu’y a-t-il encore ? »

L’accueil n’était pas aussi mauvais que le recteur s’y était attendu ; néanmoins, il hésita une seconde avant de répondre.

« C’est au sujet de Hugues, dit-il, de Hugues, de la ferme des Haies. Il a été malade l’automne dernier ; ses enfants viennent d’avoir la fièvre scarlatine, et sa femme, qui a été prise à