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mal qu’aussi longtemps qu’ils vivent ce qu’ils appellent leur vie, tandis qu’ils ne sont absolument rien avant d’avoir été formés et une fois dissous.— R. P. 165 a.

16. Car vraiment ils (l’Amour et la Haine) étaient avant les temps, et ils seront ; et jamais, à ce que je crois, le temps infini ne sera vide de ce couple. — R. P. 166 c.

17. Je vais t’annoncer un double discours. A un moment donné, l’Un se forma du Multiple ; en un autre moment, il se divisa et de l’Un sortit le Multiple. Il y a une double naissance des choses périssables et une double destruction. La réunion de toutes choses amène une génération à l’existence et la détruit ; l’autre croît et se dissipe quand les choses se séparent. Et ces choses ne cessent de changer continuellement de place, se réunissant toutes en une à un moment donné par l’effet de l’Amour, et portées à un autre moment en des directions diverses par la répulsion de la Haine. Ainsi, pour autant qu’il est dans leur nature de passer du Plusieurs à l’Un, et de devenir une fois encore Plusieurs quand l’Un est morcelé, elles entrent à l’existence, et leur vie ne dure pas. Mais, pour autant qu’elles ne cessent jamais d’échanger leurs places, dans cette mesure, elles sont toujours immobiles quand elles parcourent le cercle de l’existence.

Mais allons, écoute mes paroles, car c’est l’étude qui augmente la sagesse. Comme je le disais déjà auparavant, quand j’exposais le but de mon enseignement, je vais t’exposer un double discours. A un moment donné, l’Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l’Un sortit le Multiple — Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l’Air ; la Haine redoutée aussi, à part de ceux-ci, de poids égal à chacun, et l’Amour parmi eux, égal en longueur et en largeur; Contemple-le avec ton esprit, et ne reste pas assis, les yeux éblouis. C’est lui que nous savons implanté dans les membres des mortels ; c’est lui qui leur inspire des idées d’amour, et qui leur fait accomplir les travaux de la paix. Ils s’appellent des noms de Joie et d’Aphrodite. Aucun mortel ne l’a encore vu se mouvoir en cercle parmi eux, mais toi prête l’oreille à l’ordre de mon discours, qui ne trompe point.

Car tous ceux-ci sont égaux et de même âge ; cependant chacun a une prérogative différente et sa nature particulière. Et rien ne vient à l’existence à part eux, et ils ne périssent point ;


> Je lis ριτά Totstv. Je pense encore cependant que la conjecture, paléographiquement admirable, de Knatz : jittà 6eoîaiv (c’est-à-dire parmi les éléments) mérite considération.