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blé qui pousse, au trèfle, au ruisseau qui sont tes amis ; demeurez en paix ! Je peux contempler le monde, mais je ne vois le bonheur qu’auprès de vous. Ailleurs, il y a beaucoup d’hommes, ils ne sont pas heureux, gardez votre joie de vivre.

Le lézard : Nous la garderons. Quand nous faisons la sieste sur une racine chaude, souvent je dis à ma compagne : Nous ne connaissons pas la terre qui va jusqu’au fond de la vallée, je l’ai vue un jour que j’étais monté sur la souche de frêne, au milieu de « l’étalus », mais où serions-nous mieux qu’ici ? Nous avons de bons voisins, le cofiron tient sa chambre auprès de nous, il recommence à faire son cri-cri, cela nous égaie, et le dimanche nous écoutons les filles chanter.

Le Seigle : C’est, en effet, une belle vie que tu mènes, parce que tu peux te retirer dans ton creux. Moi, je ne me plaindrais pas trop si les gros souliers ferrés ne venaient, tous les jours, écacher la bordure du champ. Aux semailles on a jeté des épines sèches,

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