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Paris qui brilla dans cette discussion par la puissance d’argumentation. On trouvait même d’évidentes contradictions dans la polémique de l’organe du centre droit. Retenons cependant une partie des faibles arguments apportés par le Journal de Paris à l’appui de sa thèse.

M. Edouard Hervé, comprenant que la question du gouvernement futur doit tout brouiller, l’applanissait en vrai septennaliste. Séparons le provisoire du définitif et posons la question du gouvernement futur le plus tard possible. C’est très-bien ; mais cependant que le centre droit fait des cajoleries et même des évolutions d’opinion pour éviter une brouille avec le centre gauche, que deviennent la France, l’industrie, le commerce, qui, quoi qu’on dise, souffrent et éprouvent toutes les incertitudes d’un provisoire qui les mène à la ruine.

Les politiques du jour ne s’embarrassent pas de si peu, il est vrai, et le Journal de Paris trouvait un moyen des plus primitifs pour expliquer la situation.

« La situation, suivant nous, peut, disait-il, se résumer dans des termes parfaitement simples. Nous partons pour un voyage ; nous prévoyons qu’à un certain point de la route nous serons obligés de nous séparer ; mais rien ne nous empêche de faire ensemble la première partie du voyage, puisque forcément, au point de départ, nous prenons tous la même ligne. Moi, je vais à Nantes, vous à la Rochelle, un autre à Bordeaux ; nous ne pourrons donc pas voyager ensemble jusqu’au bout ; mais tous nous sommes obligés de passer par Tours ; allons donc ensemble jusqu’à Tours, et arrivés là, nous bifurquerons. »

Voilà, ma foi, une argumentation irréfutable et sans subtilité aucune. Elle n’a qu’un seul défaut, c’est de se tromper absolument sur le but final. Vous bifurquerez ? bien. Et quand vous aurez bien bifurqué, qu’adviendra-t-il ? Répondez, car il ne faut pas agir puérilement et à l’aventure. Les partis, quand ils auront bifurqué à Tours, n’iront malheureusement pas, ni l’un à Nantes, ni l’autre à la Ro-