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que conservatrice. — L’autre, la République pour de bon, sera sanguinaire. Ne se valent-elles pas et l’une est-elle à l’autre préférable.

M. Thiers tombé sous la réprobation publique, on crut un instant que les principes allaient enfin triompher. Cet espoir fut encore déçu, les expédients l’emportèrent.

L’idée fausse de la possession du pouvoir constituant empêcha le salut. N’est-ce pas, d’ailleurs, la folie de notre siècle que de croire à la stabilité de ses fragiles institutions bâties sur le sable. Un homme qui a été revendiqué depuis par la Révolution, Lammenai, a dit à ce sujet :

« Une des plus dangereuses folies de notre siècle, est de s’imaginer que l’on constitue un État et qu’on forme une société du jour au lendemain, comme on élève une manufacture. On ne fait point les sociétés : la nature et le temps les font de concert… On écrit sur un morceau de papier qu’on est une monarchie ou une république, en attendant qu’on soit en réalité quelque chose. Mais il y a une loi immuable contre laquelle rien ne prévaut : toute société qui, étant sortie des voies de sa nature, s’obstine à n’y point rentrer, ne se renouvelle que par la dissolution ; il faut, ainsi que l’homme, qu’elle traverse le tombeau pour arriver à la vie une seconde fois. »[1]

Un seul moyen s’offrait de salut, celui que conseillait la politique à ciel ouvert. Nos politiques le rejetèrent. La monarchie avait fait l’unité française mieux que la République une et indivisible. On ne fit pas la monarchie vraie et nationale, nous retombâmes dans les expédients ; les esprits féconds cherchèrent dans leurs vastes imaginations, et le septennat fut créé et mis au monde.

  1. Il y a quelques mois, le Temps à son tour avouait que seules les institutions consacrées par la suite des siècles étaient stables. Habemus confitentem… L’organe protestant n’en continue pas moins à repousser les institutions séculaires de la France !… Ô inconséquences des logiciens du siècle.