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ancienne qu’elle soit, nous permettra de répondre à une allegation de nos adversaires.

Que fit M. Thiers dans la discussion de la pétition des évêques ?

Qu’aurait inspiré la véritable politique ?

M. Thiers escamota la question. M. Thiers louvoya, il flatta et le Saint-Père et l’Italie, et la victime et le spoliateur. Tout en protestant qu’il n’avait pas changé d’opinion sur la nécessité du pouvoir temporel, il montra aussi la nécessité de se taire, de se courber devant le fait accompli, devant notre parole violée, devant notre signature foulée aux pieds. Il dit que l’Italie était désormais une puissance avec laquelle on devait compter et que la France, qui, sous la monarchie, avait commandé à l’Europe entière coalisée contre elle, devait plier devant une nation qui lui devait tout.

Telle était la signification du discours de M. Thiers, dépouillé des artifices oratoires et des habiletés diplomatiques. Son but fut atteint, d’ailleurs. Cet échantillon de politique du fait accompli et de faux-fuyants réussit, et la question fut enterrée dans les cartons du ministère des affaires étrangères. Renvoi dérisoire : le ministre n’était-il pas l’adversaire déclaré du Saint-Siège, et l’ennemi acharné du pouvoir temporel dans les Assemblées législatives de l’Empire ?

Mais, répondra-t-on, — et c’est là que nous attendons les objections, — nous sortirons d’une guerre, épuisés et écrasés ; fallait-il donc en provoquer une nouvelle ?

Non, certes, non ; nul plus que nous ne reconnaissait et ne déplorait la faiblesse de la France, — un prélat éloquent l’a constaté. — Mais il y avait une autre politique, la politique à ciel ouvert, celle du droit et de la justice. Cette politique-là serait montée à la tribune et se serait écriée : « La France est vaincue : jusqu’ici toujours respectée, elle est écrasée aujourd’hui. À ce moment d’épuisement, un peuple qui nous doit son existence et à qui nous avons donné notre sang, ce peuple, au mépris de notre parole et de