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les peuples, pour les Démosthènes grecs comme pour les Chateaubriand français.

La politique, considérée dans son sens le plus élevé, a toujours eu pour base la justice et le respect des droits. Ce sont ces principes immuables, méprisés par nos politiques modernes, qui ont toujours été la sauvegarde des nations. Les hommes d’État les plus célèbres, Démosthènes et Cicéron, avaient-ils une autre voie, et n’est-ce point l’orateur grec qui appréciait ainsi les victoires de Philippe, qu’il ne serait pas trop téméraire peut-être d’appeler le Bismark de la Grèce :

« Si l’on me donnait le choix, je préférerais mille fois la fortune de ma patrie, parce qu’elle a pour elle le droit et la justice. »

Voilà la véritable politique ! De nos jours, aux idées élevées a succédé l’emploi constant d’expédients quotidiens, fruits de mesquins intérêts. Nous sommes contraints aujourd’hui de plier devant un vainqueur dont nous devons subir tous les caprices exigeants, et nous lésons les droits et l’équité au prix d’une tranquillité factice, résultat d’une habileté déplorable.

Ah ! si actuellement, dans nos grandes luttes parlementaires, et alors qu’il s’agit des intérêts sacrés de la patrie et de son honneur, nous avions un représentant de ces principes qui vînt affirmer à la tribune l’existence impérissable de la politique à ciel ouvert, et proclamer ce cri de la conscience forte de son droit : « Lorsqu’un homme s’est élevé par l’ambition et la perfidie, le moindre revers compromet tout son ouvrage, car tout a besoin d’assises solides, et surtout la politique ! »

Mais ils sont rares de nos jours ces grands caractères, et l’on ne peut que verser des larmes sur l’abaissement de la France. Certes, les exemples sont nombreux. Parmi les plus récents, le rappel de l’Orénoque, la reconnaissance du pouvoir usurpé et sans autorité qui règne à Madrid, sont-ce là des actes de politique ciel ouvert ? Remontons plus haut, jusqu’à M. Thiers, et rappelons une question qui, pour