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DU SUBLIME

des plaisirs : mais n’étant nullement destinés à en faire notre occupation constante, il ne faut pas que l’absence de ce plaisir soit suivie d’aucune grande douleur. La différence des hommes avec les brutes, semble, en ce point, très-remarquable. Les hommes sont dans tous tes tems assez également disposés aux plaisirs de l’amour, parce que la raison leur prescrit le tems et la manière de s’y livrer. Si la privation de cette jouissance eût causé quelque grande douleur la raison, je le crains, se serait difficilement bien acquittée de son emploi. Mais les brutes, qui suivent des lois dans l’exécution desquelles leur raison a fort peu de part, ont, pour multiplier leurs espèces, des saisons invariablement fixées : il est probable que dans ces tems, l’impossibilité de satisfaire ce besoin est accompagnée d’une sensation très-pénible, parce que la fin doit être remplie, ou être manquée en plusieurs individus peut-être pour toujours, puisque l’inclination ne revient qu’avec la saison qui lui est propre.