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DU SUBLIME

sirs que pourraient inventer les imaginations les plus vives et les plus voluptueuses, et dont pourraient jouir les organes les plus sensibles. Je doute même qu’il se trouvât un homme qui voulût acheter une vie de bonheur parfait avec la condition de la finir dans les tourmens que la justice infligea en quelques heures au dernier régicide de France. Mais si la douleur agit plus puissamment que le plaisir, elle touche moins que l’idée de la mort ; parce qu’il y a peu de douleurs, même des plus cruelles, qu’on ne préfère à la mort ; et ce qui ajoute à l’horreur de la douleur elle-même, n’est-ce pas qu’on la considère comme un émissaire de cette reine des terreurs. Lorsque le danger et la douleur pressent de trop près, ils ne peuvent donner aucun délice ; ils sont simplement terribles : mais à certaines distances, et avec certaines modifications, ces affections peuvent devenir et deviennent réellement délicieuses : c’est ce qui est confirmé par une expérience journalière. J’essaierai bientôt d’en découvrir la cause.