Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
ET DU BEAU.

traordinaire que ces deux affections si distinctes dans leurs causes, si différentes dans leurs effets, demeurassent confondues parce qu’un usage vulgaire les a rangées sous une même dénomination générale. Toutes les fois que j’aurai occasion de parler de cette espèce de plaisir relatif, je l’appelerai délice : et je mettrai le plus grand soin à n’employer ce terme dans aucun autre sens. Je sais que ce mot n’est pas reçu communément dans l’acception que je lui donne ; mais j’ai pensé qu’il valait mieux prendre un mot déjà connu, et limiter sa signification, que d’en introduire un nouveau, qui peut-être ne se serait pas si bien allié avec notre langue. Je ne me serais jamais permis la plus légère altération dans nos expressions, si je n’y avais été en quelque sorte forcé et par la nature du langage, créé pour les besoins des hommes plutôt que pour les discussions de la philosophie, et par la nature de mon sujet, qui me conduit au-delà des bornes des discours ordinaires. J’userai de cette liberté avec toute la discrétion possible. J’exprimerai donc par délice la sensation qui accompagne l’éloignement de la douleur ou du danger ; de même quand je parlerai du plaisir positif, la plupart du tems je le nommerai simplement plaisir.