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ET DU BEAU.

dans ses effets, très-peu de ressemblance avec le plaisir positif[1]. Je pense qu’on m’accordera la première de ces propositions, avec moins de difficulté que la seconde ; parce qu’il est évident que le plaisir, lorsqu’il a parcouru sa carrière, nous laisse à peu près au même point où il nous a trouvés. Tout plaisir est rapide, et dès qu’il est passé, nous retombons dans l’indifférence, ou plutôt nous nous abandonnons à, une douce tranquillité, teinte des couleurs agréables de la première sensation. Je conviens qu’au premier coup d’œil, il ne paraît pas aussi évident que l’éloignement d’une grande douleur ne ressemble pas à un plaisir positif : mais rappelons-nous quel a été l’état de notre âme en venant d’échapper à quelque danger éminent, ou quand nous avons été délivrés de la sévérité d’une douleur cruelle. Qu’avons-nous éprouvé, dans ces occasions ? Si je ne me trompe, notre âme s’est trouvée dans une situation bien éloignée de celle où la met un plaisir positif ; dans

  1. M. Locke ( Essai sur l’entendement humain, I. ii, c. 20, sect. 16.) pense que l’éloignement ou la diminution de la douleur est considéré et agit comme plaisir, et que la privation ou la diminution du plaisir est considérée et agit comme douleur.