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DU SUBLIME

changer incessamment de place pour découvrir quelque chose de nouveau ; ils saisissent avec avidité tout ce qui frappe leurs sens, et leur choix n’est pas difficile : tout objet engage leur attention, parce que, dans cette période de la vie, tout objet est revêtu du charme de la nouveauté. Mais comme les choses qui nous attirent seulement par leur nouveauté, ne sauraient nous attacher long-tems, la curiosité est la plus superficielle de toutes les affections ; elle change perpétuellement d’objet ; son appétit est vif, mais très-aisément satisfait ; et toujours elle a une apparence de vertige, d’inquiétude et d’anxiété. La curiosité est, de sa nature, un principe très-actif ; elle parcourt rapidement la plus grande partie de ses objets, et bientôt épuise la variété qui se trouve communément dans la nature ; les mêmes choses se représentent fréquemment, et se représentent avec des effets de moins en moins agréables. Enfin, les circonstances, de la vie, dès qu’on vient à en avoir quelque connaissance, ne pourraient donner que des sensations de dégoût et d’ennui, si plusieurs choses n’étaient pas propres à affecter l’âme par d’autres pouvoirs que celui de leur nouveauté, et par d’autres passions que celle de notre curiosité. Nous