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DU GOUT

dans la réalité, n’est autre chose qu’un jugement plus exquis.

D’après tout ce qui a été dit, il me paraît que ce qu’on appelle goût, dans son acception la plus générale, n’est pas une idée simple, mais qu’il se compose en partie d’une perception des plaisirs primitifs des sens, des plaisirs secondaires de l’imagination, et des conclusions de la faculté raisonnable concernant les diverses relations de ces deux sortes de plaisirs, et concernant les passions, les mœurs et les actions des hommes. Ce sont là les élémens, nécessaires du goût, et le fond en est le même dans l’esprit humain ; car, comme les sens sont les grandes sources de toutes nos idées, et par conséquent de tous nos plaisirs, s’ils ne sont pas incertains et arbitraires, les fondemens du goût sont communs à tous les hommes on peut donc former un raisonnement concluant sur ces matières.

En considérant le goût simplement par rapport à sa nature et à son espèce, nous trouverons ses principes parfaitement uniformes ; mais le degré dans lequel ces principes dominent dans les divers individus, est absolument aussi différent que les principes eux-mêmes sont homogènes. Car la sensibilité et le jugement