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DU GOUT.

régné dans nos âmes ; et ce n’est pas d’une manière arbitraire ou accidentelle qu’elles affectent, mais d’après des principes certains, naturels et uniformes. Comme plusieurs des ouvrages d’imagination ne se bornent pas à représenter des objets sensibles, ni à émouvoir les passions, mais qu’ils s’étendent aux mœurs, aux caractères, aux actions et aux desseins des hommes, à leurs relations, à leurs, vertus et à leurs vices, ils entrent dans la sphère du jugement, qui se perfectionne par l’attention et par l’habitude de raisonner. Toutes ces choses font une partie considérable de celles que l’on considère comme les objets du goût ; et Horace nous envoie aux écoles de la philosophie et du monde pour nous en instruire. Tout ce qu’on peut acquérir de certitude dans la morale et dans la science de la vie, est précisément la mesure de la certitude qu’on peut avoir en ce qui s’y rapporte dans les ouvrages d’imitation. C’est, pour la plus grande partie, dans la connaissance des mœurs, et de ce que prescrivent les tems et les lieux, et la décence en général, connaissance qui ne peut s’acquérir qu’aux écoles auxquelles Horace nous envoie, que consiste ce qu’on appelle goût par voie de distinction ; et qui