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DU GOUT

qu’elle est la région de nos craintes et de nos espérances, et de toutes nos passions qui sont liées à ces affections ; et tout ce qui est propre émouvoir notre imagination par ces idées puissantes, et par la force de quelque impression originale et naturelle, doit avoir à peu près le même pouvoir sur tous les hommes. Car, puis que l’imagination n’est que la représentation, des sens, les images doivent seulement lui plaire ou lui déplaire, d’après le même principe sur lequel les réalités plaisent ou déplaisent aux sens : il doit donc y avoir un accord aussi intime dans les imaginations que dans les sens des hommes. Un peu d’attention suffira pour nous convaincre que cela doit être nécessairement.

Mais, dans l’imagination, outre la douleur ou le plaisir qui naît des propriétés de l’objet naturel, on aperçoit un plaisir qui a sa source dans la ressemblance de l’imitation avec l’original : l’imagination, je pense, ne peut avoir aucun plaisir qui ne résulte de l’une ou l’autre de ces causes. Et ces causes agissent assez uniformément sur tous les hommes, parce qu’elles agissent par des principes naturels, et indépendans de quelques habitudes ou avantagés particuliers que ce puisse être. M. Locke