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DU GOUT.

pravé seulement en quelques points particuliers. Car en jugeant de quelque objet nouveau, et même d’un goût analogue à celui que l’habitude lui a rendu agréable, il trouve son palais affecté de la manière naturelle, et d’après les principes communs. Ainsi le plaisir de tous les sens, de la vue, et même du goût, ce sens le plus équivoque de tous, est le même pour tous les hommes, grands et petits, doctes et ignorans.

Outre les idées, et leurs douleurs et plaisirs relatifs, que les sens présentent, l’esprit humain possède une sorte de pouvoir créateur, soit en représentant à volonté les images des choses suivant la manière et l’ordre dans lesquels les sens les ont reçues, soit en combinant ces images d’une nouvelle manière et dans un ordre différent. Ce pouvoir est l’imagination ; et à l’imagination appartient tout ce qu’on désigne par les mots esprit, conception, invention, et par d’autres termes semblables. Mais il faut observer que le pouvoir de l’imagination est incapable de produire rien d’absolument nouveau ; elle peut seulement varier la disposition des idées qu’elle a reçues des sens. Or, l’imagination est la sphère la plus vaste, du plaisir et de la douleur, en tant