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DU GOUT

amer[1], sont des termes énergiques qu’un chacun entend parfaitement. Nous sommes tout aussi bien entendus quand nous parlons d’une douce disposition, d’un caractère doux, d’une douce condition, etc. On convient que l’habitude et quelques autres causes ont, en plusieurs cas, extrêmement altéré les douleurs ou les plaisirs naturels qui appartiennent à ces divers goûts ; mais alors même on ne perd jamais la faculté de distinguer le goût naturel du goût acquis. Il n’est pas rare de trouver des personnes qui préfèrent le goût du tabac à celui du sucre, et la saveur du vinaigre à celle du lait ; mais cela ne met aucune confusion dans les goûts, si ces personnes savent que le tabac et le vinaigre ne sont point doux, et que c’est par la seule habitude que leurs palais ont pu se créer ces plaisirs factices. Cependant, avec ces personnes, on peut parler des goûts, et même avec assez de précision. Mais si l’on rencontre un homme qui déclare que le tabac à pour lui le goût du sucre, et qu’il lui est impossible de distinguer le lait du vinaigre ; ou que le tabac et le vinaigre sont

  1. Je ne crois pas que cette derniers expression fût Admise en français.