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DU GOUT.

nant pas à faire connaître quelques vérités stériles et sans vie, elle conduit à la source d’où elles découlent ; elle tend à mettre le lecteur dans la voie de l’invention, et à le diriger dans ces sentiers où l’auteur a fait ses propres découvertes, s’il est assez heureux pour en avoir fait quelqu’une de précieuse.

Mais, pour ôter tout prétexte à la chicane, par le mot goût j’entends seulement cette faculté ou ces facultés de l’esprit qui sont affectées par les ouvrages de l’imagination et par les beaux arts, ou qui en portent un jugement. C’est là, je pense, l’idée la plus générale de ce mot, et celle qui a le moins de connexion, avec quelque théorie particulière que ce soit. Mon objet, dans cette recherche, est de savoir s’il y a des principes sur lesquels l’imagination soit affectée, si communs à tous les hommes, si bien fondés et si certains, qu’il puissent fournir les moyens de raisonner sur eux d’une manière satisfaisante. Et, quoique certain d’être accusé de paradoxe par ceux qui, d’après un coup d’œil superficiel, imaginent que les goûts varient tellement en genre et en degré, que rien ne peut être plus indéterminé, je pense qu’il existe de tels principes de goût.

Toutes les facultés naturelles de l’homme