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DU GOUT.

pas suivie de conséquences aussi importantes ; sans quoi, je ne doute pas que la logique du goût, si l’expression m’est permise, ne fût aussi méthodiquement rédigée, et qu’on ne pût discuter les matières de cette nature avec autant de certitude, que celles qui semblent appartenir plus immédiatement à la pure raison. Il est très-nécessaire, en entrant dans une recherche telle que celle-ci, que ce point soit éclairci autant qu’il est susceptible de l’être ; car, si le goût n’a point de principes fixes, si l’imagination n’est pas affectée suivant des lois invariables et certaines, notre travail ne peut offrir que des résultats à peu près insignifians ; et ce serait une entreprise inutile, sinon absurde, d’établir des règles par caprice, et de s’ériger en législateur d’illusions et de chimères.

Le mot goût, comme tous les mots figurés, n’est pas extrêmement exact : il s’en faut de beaucoup que ce que nous entendons par-là, soit une idée simple et déterminée dans l’esprit de la plupart des hommes ; cette idée est donc sujette à l’incertitude et à la confusion. Je n’ai pas une opinion bien favorable d’une définition, remède célèbre qu’on oppose à ce désordre. Car, en définissant, nous courons risque de circonscrire la nature dans les bor-