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DU GOUT

vérité et de la fausseté. Nous voyons les hommes, dans leurs disputes, en appeler continuellement à certaines règles et, à certains types, dont on convient de part et d’autre, et qu’on suppose établis dans notre commune nature. Mais il n’est pas reconnu aussi généralement que le goût ait des principes fixes ou uniformes. On suppose même communément que cette faculté délicate et aérienne, qui semble trop volatile pour souffrir les chaînes d’une définition, ne peut être proprement soumise à l’épreuve d’aucun creuset, ni réglée sur aucun modèle. La faculté raisonnable a une occasion si continuelle de s’exercer, elle se fortifie tellement par une perpétuelle contention, que certaines maximes de droite raison semblent être tacitement établies parmi les plus ignorans. Les savans ont perfectionné cette science grossière et réduit ces maximes en système. Si le goût n’a pas été aussi heureusement cultivé, ce n’est pas que le sujet fût stérile, mais que les ouvriers étaient peu nombreux ou, négligens ; Car, à dire la vérité, les motifs qui nous portent à fixer l’un, sont bien moins intéressans que ceux qui nous commandent de confirmer l’autre. D’ailleurs, si les hommes diffèrent d’opinion eu matière de goût, cette différence n’est