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lui procura leur amitié. Ses essais politiques annoncent de vastes connaissances, des réflexions profondes, et une sagacité peu commune. Ceux même qui condamnent ses opinions ne peuvent qu’admirer la variété de ses talens, le bonheur de ses allusions, et la finesse de sa pénétration. Il n’y a pas de genre civil, n’ait essayé, point de sujet qu’il n’ait traité ; ses premiers et ses derniers jours furent consacrés aux travaux littéraires, et il n’en dédaigna aucun, depuis la colonne du journal qui fournissait un pain nécessaire à sa jeunesse, jusqu’aux écrits plus profonds qui chargèrent sa vieillesse d’une opulence superflue.

Comme orateur, malgré quelques défauts remarquables, il est presque sans rival. Si son geste était par fois trop prononcé ; si sa manière était dure, et, pour ainsi dire, opprimante ; si ses épithètes étaient parfois peu ménagées[1] ; d’autre part, aucun homme ne

  1. C’est, surtout dans ses emportemens contre les prodigalités des ministres qu’il observait peu la décence des termes pour les qualifier. Lord North, qui y était fait, et qui le regardait sans doute comme un volcan, appelait le langage abusif dont il se servait dans ces occasions, la lave de son éloquence