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DU SUBLIME

l’une décrit la chose comme elle est, l’autre telle qu’on la sent. Or, comme il y a un ton de voix entraînant, un air passionné, un geste animé, qui émeuvent indépendamment des choses auxquelles ils se rapportent ; il y a aussi des mots et certains arrangemens de mots qui étant particulièrement consacrés aux sujets passionnés, et toujours employés par ceux qui sont sous l’influence de quelque passion, nous touchent et nous émeuvent plus que ceux qui expriment le sujet avec beaucoup plus de clarté et de précision. Nous accordons à la sympathie ce que nous refusons à la description. Par le fait, toute description verbale, purement comme simple description quoique de la dernière exactitude, donne une idée si pauvre et si insuffisante de la chose décrite qu’elle produirait à peine le plus petit effet, si l’orateur ne l’animait par ces modes du langage qui marquent en lui un sentiment vif et profond. Alors, par la contagion de nos passions, nous nous enflammons d’un feu qui déjà brûle dans un autre, et que l’objet décrit ne nous aurait probablement jamais communiqué. Les mots, en transmettant les passions avec force, compensent pleinement leur faiblesse à d’autres égards. On peut