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ET DU BEAU.

mots qui perdraient la plus grande partie de leur effet, si ce n’étaient pas

 « Les rochers, les précipices, les marais, les gouffres, les antres et les ombres de la mort. »

L’idée de cette affection causée par un mot, la mort, que rien hormis un mot ne pouvait allier aux autres, est extraordinairement sublime ; et ce sublime est encore porté plus haut par ce qui suit, un univers de mort. On voit ici deux autres idées que le langage seul peut présenter ; l’alliance de ces idées est sublime et étonnante au-delà de toute conception, si toutefois il est permis d’appeler idées ce qui ne présente à l’esprit aucune image distincte. Mais il sera toujours difficile de concevoir comment les mots peuvent émouvoir les passions qui appartiennent aux objets réels, sans représenter ces objets d’une manière distincte. Nous éprouvons cette difficulté, parce que dans nos observations sur le langage nous ne distinguons pas assez une expression claire d’une forte expression. Souvent on les confond l’une avec l’autre, quoique, dans la réalité, elles soient extrêmement différentes. La première concerne l’entendement, la dernière appartient aux passions :