et toute poésie dramatique est dans ce cas. Mais la poésie descriptive agit principalement par substitution, par le moyen des sons, qui ont, grace à la coutume, l’effet des réalités. Il n’y a d’imitation que ce qui ressemble à une autre chose ; et les mots n’ont sans doute aucune ressemblance avec les idées dont ils sont les signes.
Comme les mots affectent, non par aucun pouvoir qui leur soit propre, mais par représentation, on pourrait supposer qu’ils n’ont qu’une faible influence sur les passions : cependant c’est tout le contraire ; car l’expérience nous apprend que l’éloquence et la poésie sont aussi capables, même beaucoup plus capables de faire des impressions vives et profondes, qu’aucun des autres arts, et que la nature même en plusieurs cas : ce qu’on doit attribuer à trois causes principales. Premièrement, nous prenons une part extraordinaire aux passions d’autrui, et quelques signes de ces passions suffisent pour nous émouvoir et nous faire