Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
ET DU BEAU.

culier ; il n’y a rien qui puisse nous donner une idée précise de sa personne : cependant cette manière de la présenter nous touche davantage que ces longs et laborieux portraits d’Hélène, calqués sur la tradition, ou tracés par l’imagination, qu’on rencontre dans quelques écrivains. Pour moi, j’en suis certaine ment beaucoup plus frappé que de la description circonstanciée que Spencer a donnée de Belphébé, quoiqu’il y ait dans cette description, comme dans toutes celles de cet excellent écrivain, des parties extrêmement belles et remplies de poésie. Le terrible tableau que Lucrèce a tracé de la religion, afin de déployer la magnanimité de son héros philosophique qui la combat, passe pour un des plus animée et des plus hardis :

Humana ante oculos fœdè cum vita jaceret,
In terris, oppressa gravi sub religione,
Quæ caput è cœli regionibus ostendebat
Horribili desuper visu mortalibus instans ;
Primus Graius homo mortales tollere contra
Est oculos ausus ——

Quelle image vous donne cet excellent tableau ? Aucune, très-certainement : le poète n’a pas dit un seul mot qui pût servir le moins