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D’EDMUND BURKE.

on eût pu dire que la fortune s’était mise à ses ordres, cette cruelle déesse, qui se plaît à nous bercer un moment pour nous préparer un affreux réveil, fit disparaître soudain toutes les flatteuses illusions : Burke perdit son fils ; et avec ce fils unique, s’évanouirent tous les rêves de l’ambition du père, qui ne traîna plus que le poids de la vie, qui n’en goûta plus que l’amertume : dévoré de regrets, appelant une mort qui ne tarda pas à l’atteindre, il quitta la scène du monde le 8 juillet, 1797.

Ainsi mourut Edmund Burke, dans la soixante-huitième année de son âge : il a pris une des premières places parmi les auteurs de son tems ; il occupe le même rang parmi les orateurs et les hommes d’état. Comme littérateur, il réunissait les trois qualités qui créent les chefs-d’œuvres ; une âme de feu, un savoir profond, une souplesse de style qui se prêtait à tous les tons. C’était le seul orateur de son tems dont la plume avait autant de volubilité que la langue, et qui pouvait également briller à la tribune et dans le cabinet. Sa dissertation sur le Sublime et le Beau lui obtint des éloges de tous les hommes de goût, et, ce qu’il trouva plus précieux sans doute, elle