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ET DU BEAU.

la foudre, qu’il décrit imparfaite sous les marteaux des Cyclopes. Quels sont les principes de cette composition extraordinaire ?

Très imbris torti radios, très nubis aquosæ
Addiderant ; rutili très ignis et alitis austri ;
Fulgores nunc terrificos sonitumqu’e, metumque
Miscebant operi, flammisque sequacibus iras.

Ce morceau me paraît admirable et sublime ; cependant si nous examinons de sang froid quelle espèce d’images sensibles une combinaison d’idées pareilles peut former, les chimères des fous ne paraîtront ni plus extravagantes, ni plus absurdes qu’un pareil tableau : « Les Cyclopes y avaient ajouté trois rayons de grêle, trois de pluie, trois de feu, et trois autres du vent aîlé du Midi ; maintenant ils y mêlaient les terribles éclairs, le bruit, la peur, et la colère avec ses flammes rapides. » Cette étrange composition forme un corps immense ; les Cyclopes le battent à coups de marteaux redoublés; elle est en partie polie et en partie brute. Il est certain que si la poésie nous donne un noble assemblage de mots qui correspondent à plusieurs nobles images enchaî-