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ET DU BEAU.

de tems, ni d’hommes conversant ensemble. Je n’imagine pas non plus que personne puisse avoir en la lisant aucune image semblable. Encore, quand j’ai parlé de rouge, de bleu, de vert, de réfrangibilité, ces diverses couleurs, ni les rayons de la lumière passant dans un milieu différent, et y changeant de direction, n’étaient nullement peints devant moi sous la forme d’images. Je sais fort bien que l’esprit a la faculté de créer à plaisir de telles images ; mais alors il faut nécessairement un acte de la volonté ; et, dans la conversation, ou dans la lecture, il arrive très-rarement qu’on reçoive l’impression de quelque image. Si je dis, « j’irai en Italie l’été prochain, » on m’entend parfaitement. Cependant je ne crois pas que quelqu’un se soit représenté par ces mots l’exacte figure de celui qui les a prononcés, traversant la mer, courant au milieu des terres, tantôt à cheval, tantôt en voiture, avec toutes les particularités du voyage : encore moins a-t-il une image de l’Italie, le pays où je me suis proposé d’aller ; ou de la verdure des champs, de la maturité des fruits, de la chaleur, de l’air, et du changement de saison, idées auxquelles le mot été est substitué : mais il s’en