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ET DU BEAU.

tion plus nette des choses qu’il décrit, qu’on ne l’a communément. M. Spence, dans la belle préface qu’il a mise à la tête des œuvres de ce poète, raisonne avec beaucoup d’esprit, et je pense que c’est pour la plupart du tems avec non moins de justesse, sur la cause de ce phénomène extraordinaire : mais je ne saurais demeurer d’accord avec lui que quelques impropriétés de style et de pensées, qu’on rencontre dans ces poésies, soient dues à la manière imparfaite dont le poète aveugle concevait les objets de la vue, puis qu’on trouve de semblables impropriétés, et de plus choquantes encore, chez des écrivans même d’une classe supérieure à celle de M. Blacklock, et qui cependant jouissaient de la faculté de voir dans toute sa perfection. Ce poète est, à n’en pas douter, touché de ses propres descriptions autant que peut l’être un lecteur quelconque ; et cependant ce sont des choses dont il n’a, dont il ne peut avoir d’autre idée que celle d’un simple son, qui l’enflamment d’enthousiasme : pourquoi ceux qui lisent ses ouvrages ne pourraient-ils pas être émus de la manière dont il l’a été, et avoir aussi peu que lui d’idées réelles des choses décrites. Je prendrai le second exemple de