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DU SUBLIME

senter à l’imagination ; car, après un examen attentif de mon propre entendement, et après avoir engagé d’autres personnes à considérer ce qui se passe dans le leur, je ne trouveras que cette image se forme une fois sur vingt, et quand cela arrive, c’est ordinairement par un effort particulier que l’imagination fait à dessein : les mots agrégés, ainsi que les abstraits composés, agissent, non en présentant quelque image à l’esprit, mais en faisant, par le pouvoir de l’habitude, le même effet quand on les prononce, que leur original quand on le voit. Je suppose que nous lisions le passage suivant : « Le Danube est un fleuve qui prend sa source dans un sol humide et coupé de montagnes, au cœur de l’Allemagne ; en s’y égarant dans de nombreux détours, il arrose plusieurs principautés ; ensuite il dirige son cours vers l’Autriche, et après avoir baigné les murs de Vienne, il passe dans la Hongrie ; là, ses vastes eaux, accrues de la Save et de la Drave, quittent les pays chrétiens, et roulant sur les confins de la Tartarie, à travers des contrées barbares, elles se déchargent par plusieurs bouches dans la Mer-Noire. » Cette description renferme bien des objets, des montagnes, dès rivières, des villes, la