si variées et si fréquentes, que nous savons par habitude à quelles choses ils appartiennent ; de sorte qu’ensuite toutes les fois que nous les entendons, ils produisent sur l’esprit des effets semblables à ceux des choses qui les ont occasionnés. Comme on fait souvent usage des sons sans rapport à aucune circonstance particulière, et qu’ils portent toujours leurs premières impressions, ils finissent par perdre toute liaison avec les circonstances particulières qui leur ont donné lieu ; cependant le son, sans qu’on y attache aucune idée, continue d’agir comme auparavant.
M. Locke a observé quelque part, avec sa sagacité ordinaire, que les mots très-généraux, surtout ceux qui appartiennent à la vertu et au vice, au bien et au mal, sont introduits dans l’esprit avant les modes particuliers de l’action auxquels ils appartiennent, et avec aux l’amour des uns, et la haine des autres. L’esprit des enfans est si flexible, qu’une