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DU SUBLIME

ont entre eux ; tels que vertu, honneur, persuasion, magistrat, etc. : j’appelle ces derniers, mots abstraits composés. Je sais que les mots sont susceptibles d’être classés avec des distinctions plus curieuses ; mais celles-ci me paraissent naturelles, et suffisantes pour mon dessein ; d’ailleurs ils sont disposés suivant l’ordre dans lequel on les apprend communément, et dans lequel l’esprit acquiert les idées auxquelles ils sont substitués. Je commencerai par la troisième espèce, par les mots abstraits composés, tels que la vertu, l’honneur., la persuasion, la docilité. À l’égard de ceux-ci, quelque pouvoir qu’ils aient sur les passions, je suis convaincu qu’ils ne le tirent d’aucune représentation formée dans l’esprit des objets qu’ils représentent. Comme compositions, ce ne sont point des essences réelles, et je pense qu’ils causent à peine des idées réelles. Je ne crois pas qu’il y ait un seul homme qui en entendant ces sons, vertu, liberté, honneur, conçoive aussitôt quelques notions précises des modes particuliers de l’action et de la pensée, et en même tems les idées simples et mixtes, ainsi que leurs diverses relations, à quoi ces mots sont substitués ; il n’a pas même d’idée générale qui soit composée,