Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
ET DU BEAU.


SECTION II.
L’effet ordinaire de la Poésie n’est pas de faire naître des idées des choses.

La notion qu’on a généralement du pouvoir de la poésie et de l’éloquence, aussi bien que du pouvoir des mots employés dans la conversation ordinaire, est qu’ils affectent l’esprit en y réveillant des idées des choses que l’usage leur fait exprimer. Pour examiner la vérité de cette notion, je crois nécessaire de remarquer que les mots peuvent se diviser en trois sortes. Je classe dans la première les mots qui représentent plusieurs idées simples, unies par la nature, pour former quelque composition déterminée ; tels sont homme, cheval, arbre, château, etc. : je les nomme mots agrégés. Dans la seconde espèce sont ceux qui expriment une seule idée simple de ces compositions, et pas davantage ; comme bleu, rouge, rond, carré, et autres semblables : j’appelle ceux-ci, mots simples abstraits. La troisième comprend les mots formés par une union arbitraire des deux autres, et des diverses relations plus ou moins complexes qu’ils