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DU SUBLIME

taines sensations conséquentes que notre esprit reçoit. La peinture agit sur nous de la même manière, mais avec un surcroit de plaisir dû à l’imitation. L’architecture affecte par les lois de la nature et par la loi de la raison. De cette dernière dérivent les règles de la proportion, d’après lesquelles un ouvrage est loué ou censuré, en tout, ou en partie, selon qu’il répond ou ne répond pas à la fin pour laquelle il a été fait. Mais pour les mots, il me semble qu’ils nous affectent d’une manière bien différente de celle dont nous sommes affectés soit par les objets naturels, soit par la peinture, ou par l’architecture ; cependant les mots ont autant de pouvoir, et quelquefois plus de pouvoir qu’aucun de ces objets pour exciter des idées du beau et des idées du sublime : par conséquent, il s’en faut de beaucoup qu’il soit inutile dans un ouvrage de cette espèce, d’examiner de quelle manière ils causent ces émotions.