Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
DU SUBLIME

descente aisée, fatigue le moins. Le repos tend certainement à relâcher ; cependant il y a une espèce de mouvement qui relâche plus que le repos ; c’est un doux balancement par lequel on s’élève et l’on tombe alternativement. Les enfans s’endorment mieux étant bercés, que dans un repos absolu : il n’est presque rien à cet âge qui donne plus de plaisir qu’un léger balancement ; c’est assez prouvé par la manière dont les nourrices jouent avec les enfans, et par la préférence que ceux-ci, devenus grands, donnent à la balançoire sur tous les autres amusemens. Bien des personnes doivent avoir observé l’espèce de sensation que donne le mouvement d’une voiture bien suspendue, rapidement traînée sur une pelouse unie, où se trouvent successivement des élévations presque imperceptibles et des pentes aussi douces. Cette observation donnera une idée plus juste du beau, et fera mieux connaître sa cause probable, que presque toute autre chose. Si l’on est, au contraire, précipité sur une route raboteuse, rocailleuse, rompue, la douleur causée par ces brusques inégalités montre pourquoi des vues, des attouchemens et des sons semblables sont si contraires à la beauté : à l’égard de l’attouchement, il est