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DU SUBLIME

lait est le premier aliment de notre enfance. Les parties élémentaires du lait sont l’eau, l’huile, et une sorte de sel très-doux qu’on appelle le sucre du lait. Toutes ces choses, étant mêlées, ont beaucoup de douceur au goût, et une qualité relâchante pour la peau. Les désirs d’un enfant se tournent ensuite vers les fruits, surtout vers ceux qui ont de la douceur ; et l’on sait que la douceur du fruit provient d’une huile subtile, et d’un sel semblable à celui dont nous avons parlé dans la dernière section, Par la suite, la coutume, l’habitude, le désir de la nouveauté, et mille autres causes confondent, altèrent, changent nos palais, de sorte que nous ne pouvons plus en raisonner d’une manière satisfaisante. Avant de quitter cet article, je dois faire observer que comme les choses unies et polies sont, par cela même, agréables au goût, et qu’elles ont une qualité relâchante, ainsi, d’une autre part, les choses, auxquelles on trouve par expérience une qualité corroborative, et la propriété de tendre fortement les fibres, sont presque toujours poignantes au goût, et, dans plusieurs cas, rudes même au toucher. Nous appliquons souvent, par métaphore, la qualité de la douceur aux objets