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VIE

force toutes ses facultés oratoires. En décrivant les supplices ordonnés par ce ministre de cruauté, en peignant la nature agonisante sous les coups des bourreaux, en fulminant le dernier des forfaits, la mort introduite dans les sources de la vie, il alluma une fureur d’indignation dans le sein de ses auditeurs ; quelques-uns même furent émus au point de perdre le sentiment. Et lui, sa bouche s’était fermée que tous ses traits parlaient encore ; comme le ciel après la tempête se couvre encore d’horribles nuages, et menace par un aspect courroucé, ainsi son front retraçait toutes ses pensées et semblait méditer la vengeance.

Sans doute les coupables ne purent échapper au châtiment qu’ils avaient tant mérité ; le parlement, qu’on a vu si révolté de leurs crimes, n’a pu différer d’en faire justice : c’est ce qu’on s’imagine ; on se trompe : ils avaient de l’or, on les acquitta.

Le dernier évènement dans lequel nous trouvons Burke vivement engagé, c’est la révolution française. Cette catastrophe qui fit craindre un moment que les peuples, comme le monde, n’eussent aussi leur cahos, ne pouvait manquer de changer les intérêts des dif-