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ET DU BEAU

évidemment à relâcher leurs sensorium respectifs. Commençons par considérer le goût. Puisqu’il est très-aisé de découvrir la propriété des liquides, et qu’il n’est rien qui ne paraisse avoir besoin d’un véhicule fluide pour manifester sa saveur, je tournerai mes observations sur les parties liquides de nos alimens plutôt que sur les solides. L’eau et l’huile sont les véhicules de toutes les saveurs. Ce qui détermine le goût, est un sel qui affecte diversement selon sa nature, ou la manière dont il est combiné avec d’autres choses. L’eau et l’huile, simplement considérées, sont capables de donner quelque plaisir au goût. L’eau, quand elle est simple, est insipide, inodore, sans couleur, et unie ; n’étant pas froide, elle résout les spasmes, et donne de la souplesse aux fibres. C’est probablement à son uni qu’elle doit cette propriété ; car, comme la fluidité dépend, selon l’opinion générale, de la rondeur, de l’uni, et de la faible cohésion des parties qui composent un corps, et que l’eau agit purement comme un fluide simple, il s’ensuit que la cause de sa fluidité est aussi la cause de sa qualité relâchante, nommément l’uni et la contexture glissante de ses parties. L’huile est l’autre véhicule fluide des saveurs. Quand elle est