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DU SUBLIME

dissous, anéanti par le plaisir ? La voix universelle du genre humain, fidèle à nos sentimens, s’élève pour affirmer cet effet général et uniforme : et quoiqu’on trouve peut-être quelque exemple bisarre et particulier qui montre un grand degré de plaisir positif sans aucun caractère de relâchement, nous ne devons point pour cela rejeter la conclusion que nous avons tirée d’un concours de plusieurs expériences ; attachons-nous y, au contraire, en admettant les exceptions qui peuvent se rencontrer, conformément à la règle judicieuse établie par Newton dans le troisième livre de son optique. Je crois que ce que nous avons avancé paraîtra confirmé au-delà de tout doute raisonnable, si nous pouvons montrer que les choses que nous avons reconnues pour être les propres élémens de la beauté, ont, chacune prise à part, une tendance naturelle à relâcher les fibres. Si l’on doit nous accorder que la vue du corps humain, lorsque tous ces élémens sont réunis devant le sensorium, favorise encore plus cette opinion, je pense que nous pouvons hardiment conclure que la passion qu’on appelle amour, est produite par ce relâchement. En raisonnant suivant la méthode que nous avons