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ET DU BEAU

côté ; les paupières se baissent plus que de coutume, et les yeux roulent doucement en se portant vers l’objet ; la bouche est un peu ouverte, elle respire lentement et laisse aller de tems en tems un faible soupir ; tout le corps est composé, et les mains tombent négligemment sur les côtés. Cette attitude et ces mouvemens sont accompagnés d’un sentiment intérieur de langueur et d’attendrissement, et toujours proportionnés à la beauté de l’objet et à la sensibilité de l’observateur. Sur-tout qu’on ne perde point de vue cette gradation depuis le plus haut degré de beauté et de sensibilité, jusqu’au plus bas de médiocrité et d’indifférence, non plus que les effets qui y correspondent, sans quoi cette description paraîtrait exagérée, et certainement elle ne l’est pas. Il est presque impossible de ne pas conclure de cette description, que l’action de la beauté est de relâcher les solides de tout le corps. Il offre réellement toutes les apparences de ce relâchement, et, selon moi, c’est un relâchement un peu au-dessous du ton naturel qui est la cause de tout plaisir positif. Qui ne connaît pas ces expressions si communes dans tous les tems et dans tous les pays, d’être amolli, relâché, énervé,