Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiii
D’EDMUND BURKE.

arrachées de l’asyle de leurs maisons, dont jusqu’alors la religion du pays avait fait autant

de sanctuaires inviolables, elles sont exposées toutes nues aux regards d’un public insolent. Les vierges sont traînées au pied des tribunaux ; elles y implorent la protection, on leur répond par la brutalité : à la face des ministres de la justice, à la face des spectateurs, à la face du soleil, ces » vierges désolées, ces vierges tendres et modestes reçoivent le dernier des outrages.

» Si celles-ci sont déshonorées à la lumière du jour, leurs mères éprouvent le même sort dans les ombres du cachot. Il en est d’autres à qui l’on presse le sein dans un bambou fendu, pour l’arracher ensuite ; il en est d’autres encore non, je n’irai pas plus loin ; tant d’infamie me défend de poursuivre : dois-je vous décrire le plus honteux des supplices ? dois-je faire rougir vos fronts ? dois-je vous montrer la mort introduite dans les sources de la vie ? »

Je m’arrête ainsi que l’orateur : si je voulais rapporter tout ce que j’ai trouvé d’admirable dans ce discours, il me le faudrait traduire d’un bout à l’autre. Jamais Burke ne fut plus sublime ; jamais il ne développa avec plus de